La
masso-kinésithérapie est la thérapeutique
de la gestuelle humaine (voir partie A). Son champ
d'action investit principalement trois dimensions
d'épanouissement de la personne :
- la structure : pour restaurer l'intégrité
physique (réduire les déficits) ;
- la fonction : pour améliorer
l'activité fonctionnelle (limiter, compenser
les incapacités) ;
- la situation : pour adapter l'interaction
entre la personne et son environnement.
Si
formaliser l'ensemble des situations personnelles
paraît peu réalisable, il est possible
de détailler les structures physiques et les
fonctions humaines intéressant la kinésithérapie.
Ces notions font en effet référence
à une approche normative dont le modèle
est le corps humain et sa physiologie de base.
Des
anomalies, identifiées grâce à
l'expérience physio-pathologique et clinique,
peuvent alors être commodément classées
au sein du répertoire des structures et des
fonctions. Elles décrivent, au regard de la
kinésithérapie, comment chaque pièce
anatomique et faculté humaine peuvent être
altérées ; leur spécification
terminologique différencie la variété
des déséquilibres possibles.
Il
ne s'agit là que d'une modélisation
théorique segmentant une réalité
plus complexe dans laquelle organes et possibilités
physiques s'influencent mutuellement pour produire
santé ou morbidité. L'intérêt
est pédagogique. Les anomalies structurelles
et dysfonctions énumérées constituent
les composants fondamentaux de la déficience
et de l'incapacité définies par l'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS) .
Le
kinésithérapeute travaille directement
sur ces composants pour établir le juste lien
entre les besoins gestuels d'un individu et son action
thérapeutique. Bien que relevant d'une approche
multi-factorielle, son investigation détaille
les déficits et dysfonctionnements observés
quel que soit le contexte pathologique.
Pour
chacun des troubles, il est ainsi possible d'identifier
des logiques élémentaires précisant
les orientations thérapeutiques concevables
et les moyens potentiels correspondants. Un modèle,
désigné sous l'appellation "chaîne
logique", organise ces éléments
de façon prédictive et déductive
sous la forme :
Anomalie observée þ Objectif(s) sanitaire(s)
þ Moyen(s) thérapeutique(s)
Ainsi,
en déclinant concrètement ce patron
de base aux approches structurelle et fonctionnelle,
nous obtenons :
o
Pour une structure donnée :
Anomalie structurelle þ Objectif(s) MK þ
Moyen(s) MK
o
Pour une fonction donnée :
Dysfonction þ Objectif(s) MK þ Moyen(s)
MK
Le
symbole þ établit ici un rapport plausible,
fréquent au vu de l'expérience mais
non systématique, non obligatoire. "Anomalie
structurelle", "Dysfonction", "Objectif(s)
MK" et "Moyen(s) MK" sont des variables
qu'il convient de renseigner par les données
cliniques et thérapeutiques pour composer les
véritables chaînes.
Ces
cohérences intrinsèques participent
spontanément au raisonnement premier du professionnel
qui les confronte ensuite les unes aux autres, puis
aux contexte et projet du patient, pour décider
de son intervention. Le système des chaînes
logiques modélise donc des rapports - de base
car il ne faut pas réduire la démarche
thérapeutique à des automatismes - mobilisant
les notions kinésithérapiques utiles
à l'étude thérapeutique en fonction
des besoins spécifiques du patient.
Le
système des chaînes logiques s'apparente
à une carte routière qui présente
les chemins existants mais n'impose ni l'endroit où
aller ni l'itinéraire à suivre.
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